DevFest Nantes 2025 : entre innovation tech, souveraineté et inclusion
Avis d’experts
03 novembre 2025
Le DevFest Nantes est le rendez-vous annuel des acteurs du numérique, et l’édition 2025 n’a pas dérogé à la règle : ce festival a réuni la communauté tech autour des sujets qui font bouger notre métier et la société. L’équipe nantaise d’axYus — Quentin, Aliou, Claire-Eurielle et Alexandre — a pris le pouls des tendances et des innovations, prête à partager leur expérience.
Les conférences auxquelles nous avons assisté ont couvert un large spectre de thématiques essentielles : la performance SQL/PostgreSQL, évolution d’Angular avec les Signals, mais aussi l’accessibilité. Face aux nouveaux enjeux de sécurité et de souveraineté, le cloud souverain a également été mis en avant. axYus et le Groupe Magellan Partners démontrent ici leur engagement à rester à la pointe des attentes techniques et sociétales à travers ces sujets.
Daveo, autre filiale du groupe Magellan Partners, n’était pas en reste et s’est imposé comme l’un des espaces les plus innovants du festival. Sur le thème fantastique de l’année, Daveo proposait une expérience interactive propulsée par l’IA : chaque visiteur avait la possibilité de créer son propre avatar personnalisé, présenté au format d’une carte Magic The Gathering. Une animation ludique et créative, qui a rencontré un franc succès et laissé à chacun un souvenir original tout en illustrant le potentiel du groupe Magellan Partners de s’adapter à l’évolution du marché qui nous entoure.
Vers des bases de données plus intelligentes et plus performantes
Le DevFest Nantes 2025 a illustré à quel point la maîtrise de PostgreSQL et de l’optimisation SQL est aujourd’hui un axe stratégique pour le développement web, notamment dans le secteur public où robustesse et efficience sont des enjeux cruciaux. À travers les conférences « SELECT ‘amazing_features’ FROM « postgresql » » animée par Kévin Davin et « Vos requêtes SQL 10000x plus performantes, durablement » menée par Alain Lesage, c’est un tour d’horizon et des rappels importants sur notre utilisation des Bases de Données dans nos métiers de développeurs web.

Les intervenants ont montré que l’efficacité d’une base de données ne se limite plus à sa capacité à stocker ou à restituer des informations rapidement.
Avec les dernières versions de PostgreSQL (qui fête ses 30 ans), il devient possible de concevoir des architectures sophistiquées : par exemple, la création de types personnalisés comme un “arbre généalogique”, permettant d’organiser dynamiquement l’ordre complexe et alambiqué d’affichage de films dans une saga. Ou, la mise en œuvre de triggers envoyant des notifications en JSON dès qu’un événement s’inscrit en base, illustrant la voie vers des systèmes plus intelligents et réactifs.
Ces outils, longtemps réservés à des usages très spécialisés, sont aujourd’hui à la portée de tout projet grâce à l’extensibilité et à la compatibilité offertes par le SGBD, comme l’a démontré Kévin Davin.

Mais l’innovation n’a de sens que si elle reste au service de la performance durable. C’est là qu’Alain Lesage a apporté une dimension essentielle : l’optimisation des requêtes. À travers des exemples concrets issus de la production.
Diagnostic initial : Avant d’entreprendre une optimisation, il est essentiel de procéder à un diagnostic détaillé. Cela implique d’identifier les requêtes les plus lentes à l’aide de journaux ou d’outils APM (Application Performance Monitoring), d’examiner les tables concernées en prenant en compte leur volume et leur structure, ainsi que d’analyser le plan d’exécution avec la commande EXPLAIN ANALYZE sur PostgreSQL (ou EXPLAIN sur MySQL). Cette analyse révèle le chemin d’exécution choisi, le nombre de lignes traitées, le temps passé à chaque étape et aide à localiser les goulets d’étranglement dans la requête.
Indexation : L’absence d’index appropriés est souvent une cause majeure de lenteur. Il est donc primordial de créer des index sur les colonnes impliquées dans les filtres, les jointures et les tris. Les index doivent être régulièrement contrôlés pour assurer leur pertinence, en utilisant des outils de monitoring. Les index B-tree sont les plus couramment utilisés, mais d’autres types comme GIN (Generalized Inverted Index) et GiST (Generalized Search Tree) sont également disponibles et adaptés à des cas d’utilisation spécifiques, surtout dans PostgreSQL pour des types de données complexes
Écriture et refonte des requêtes : La manière dont les requêtes sont écrites peut grandement influencer leur rapidité. Il est conseillé d’utiliser des jointures explicites et appropriées, de restreindre les résultats le plus tôt possible à l’aide de clauses WHERE restrictives et de limiter le nombre de colonnes sélectionnées (éviter SELECT *). Il est préférable d’éviter les sous-requêtes ou les requêtes imbriquées lorsque des jointures ou des vues peuvent offrir de meilleures performances.
Structure et architecture de la base : Il est crucial d’adapter la structure des données aux usages spécifiques. Cela peut inclure des pratiques telles que le partitionnement des tables pour éviter qu’elles ne deviennent trop volumineuses et la dénormalisation pour réduire le nombre de jointures dans les requêtes critiques. Les vues matérialisées peuvent également être mises en place pour pré-calculer des résultats complexes. Enfin, il est conseillé d’archiver ou de supprimer régulièrement les anciennes données qui ne sont plus nécessaires, afin d’optimiser l’espace de stockage et d’améliorer les performances globales de la base de données.
État des lieux de la souveraineté du cloud : des clouds publics aux clouds confidentiels
La question de la souveraineté du cloud s’est imposée comme l’un des défis majeurs de notre époque, cristallisant les enjeux autour de la maîtrise des données, de la sécurité opérationnelle et du respect des réglementations européennes. Au fil des dernières années, le paysage du cloud français et européen s’est transformé sous l’impulsion de partenariats stratégiques réunissant expertise locale et technologies mondiales. C’est le sujet de la conférence « État des lieux de la souveraineté du cloud : des clouds publics aux clouds confidentiels » de Seifeddin Mansri.
Parmi les initiatives françaises les plus emblématiques, S3NS, porté par Thales et Google, et Bleu, fruit de l’alliance entre Capgemini, Orange et Microsoft, incarnent ce mouvement vers un cloud « de confiance », où l’accès aux outils les plus avancés s’accompagne d’un contrôle rigoureux des processus de sécurité, de chiffrement et de gouvernance. Ces solutions, conçues pour répondre aux besoins spécifiques du secteur public et des entreprises dites sensibles, mettent en avant une capacité nouvelle : exploiter la puissance du cloud tout en garantissant, à chaque instant, la souveraineté des données.
Succès débloqué : rendre son jeu vidéo accessible
La conférence suivante intitulée « Succès débloqué : rendre son jeu vidéo accessible », est animée par Noëlie Roux, experte en accessibilité numérique et bénévole auprès de Game’Her.
Noëlie a débuté par un rappel des différentes formes de handicap : moteurs, sensoriels, intellectuels, psychiques, cognitifs, ainsi que des maladies invalidantes. Cette base était essentielle pour contextualiser ses propos et illustrer comment les jeux vidéo peuvent évoluer afin d’inclure un public plus vaste. Un exemple qui m’a particulièrement marqué est celui de Just Dance, qui propose des chorégraphies adaptées pour les personnes à mobilité réduite, ou permettant uniquement l’utilisation des bras.
À travers ces illustrations, Noëlie souligne l’importance de concevoir des jeux inclusifs dès la phase de développement. En effet, il est non seulement plus simple, mais également moins coûteux d’intégrer ces considérations au départ plutôt que d’effectuer des ajustements tardifs.
En tant que développeur web, je constate que cette approche est tout aussi pertinente dans notre domaine. Intégrer dès le départ des considérations d’accessibilité non seulement simplifie le processus de création, mais permet également de réduire les coûts associés à des ajustements ultérieurs. L’inclusion de fonctionnalités accessibles dans les sites web n’est pas seulement une obligation légale, mais également un moyen d’élargir notre audience et d’assurer que chacun puisse bénéficier pleinement de nos créations.
La légende des lecteurs d’écrans
La conférence interactive « La Légende des Lecteurs d’Écran : une odyssée sensorielle au cœur de nos Apps » d’Océane Gillard et Patrice De Saint Steban nous a invités à explorer les applications mobiles autrement : non plus à travers la vue, mais par le biais des lecteurs d’écran comme VoiceOver et TalkBack. Cette expérience immersive nous a embarqué dans un monde où les gestes et la voix deviennent les principaux vecteurs d’interaction avec le numérique.
Munis de nos smartphones, d’écouteurs et d’un bandeau sur les yeux, nous avons été initiés aux techniques de navigation utilisées par les personnes non-voyantes. Le formateur nous a expliqué l’importance de la sémantique des interfaces et des gestes invisibles essentiels à l’accessibilité, puis nous a guidés pour utiliser nos appareils « les yeux fermés », découvrant ainsi les obstacles et les frustrations que peuvent rencontrer les utilisateurs aveugles.
Au-delà de l’aspect ludique, cette conférence a mis en lumière la place centrale de l’accessibilité numérique dans la conception des applications. En France, la loi impose désormais aux sites web et applications grand public d’être accessibles à tous, ce qui implique une compatibilité avec ces lecteurs d’écran et le respect des standards (RGAA, WCAG, etc.).
Pour axYus, qui accompagne des clients du secteur public, il est fondamental de maîtriser ces bases afin de garantir la conformité des projets et de favoriser l’inclusion numérique. Ce niveau d’exigence technique et humain renforce notre légitimité auprès des collectivités et répond aux valeurs d’équité et d’accessibilité défendues par nos clients.
En tant que développeuse, avoir vécu cette expérience m’a permis de mieux comprendre les enjeux de l’accessibilité. Je serais plus alerte sur l’intégration de l’accessibilité au sein de nos développements, afin que le plus grand nombre d’utilisateurs puisse bénéficier de notre travail.
Les « Signals » dans Angular
Dans la liste des conférences importantes pour moi, « Angular Signal — Monde Asynchrone, État dépendant« , qui portait sur les nouveautés réactives introduites par Angular depuis la version 16, et approfondies dans la version 20. La présentation a mis l’accent sur les Signaux, une nouvelle primitive qui permet d’instaurer un état réactif synchrone dans les applications Angular.
Or, la plupart des applications modernes doivent également gérer des opérations asynchrones, déclenchées par les interactions utilisateurs. Initialement, l’API des Signaux proposait les « effects », que certains pensaient pouvoir utiliser pour gérer l’asynchrone. Mais Alex Rickabaugh, développeur Angular, a souligné que les effects ne sont pas adaptés à cet usage et qu’il vaut mieux éviter leur utilisation dans la majorité des cas.
En réponse, Angular 19 (et 20) a introduit les rxResource et httpResource. Ces nouvelles APIs font le pont entre le monde synchrone des Signaux et la réalité asynchrone des applications, permettant notamment de gérer proprement des appels HTTP ou des flux asynchrones tout en respectant l’approche réactive.
La conférence a également abordé l’état dépendant : avec les « computed », on peut dériver des valeurs d’un ou plusieurs signaux, mais uniquement en lecture. Pour les besoins de modification, la présentation a détaillé les LinkedSignal, qui offrent un état dérivé modifiable, bien que leur prise en main et leurs cas d’usage nécessitent quelques explications.
Ce workshop, basé sur Angular 20, a permis d’illustrer ces concepts par des exemples pratiques et des cas concrets, apportant des clarifications sur quand et comment utiliser les nouvelles primitives. Travaillant moi-même sur Angular 20, cette conférence m’a donné des clés pour accélérer la montée en compétences de l’équipe sur les Signaux, et pour exploiter pleinement ces outils dans notre projet.
Vers une innovation plus souveraine et responsable
Le DevFest Nantes 2025 a parfaitement illustré l’écosystème dynamique et en constante mutation du numérique. Entre innovation technologique, exigence de performance et inclusion, cet événement a montré à quel point la communauté tech, et des entreprises comme axYus, jouent un rôle clé dans la transformation des usages et des pratiques.
Qu’il s’agisse de l’optimisation des bases de données, de la souveraineté du cloud, de l’accessibilité ou des dernières évolutions front-end avec Angular, les retours d’expérience du festival offrent des pistes concrètes pour anticiper les défis de demain et répondre aux attentes croissantes de nos clients et utilisateurs.
L’expérience immersive proposée cette année, tant sur le stand de Daveo qu’au travers des conférences accessibles, rappelle l’importance de placer l’humain au cœur de nos innovations, pour une tech qui soit non seulement performante, mais aussi inclusive et responsable.
Forte de ce partage de connaissances et de bonnes pratiques, l’équipe axYus revient plus inspirée et engagée que jamais, prête à intégrer ces enseignements dans ses futurs projets et à continuer d’accompagner ses partenaires vers un numérique plus robuste, plus sûr… et décidément plus humain.
Un décryptage de nos experts
- Claire-Eurielle BOUCZO
- Alexandre DE RYCKE
- Aliou FALL
- Quentin GAUTIER BOURBON